PREAMBULE
La réalisation d’une telle rubrique sur l’histoire de cette société me tenait à coeur depuis plusieurs années. En effet, tout petit j’entendais mon père parler de son métier d’ingénieur qu’il exerçait avec passion chez OMERA, société ayant un lien étroit avec S.A.R.A.M et représentative d’un certain savoir faire de l’époque. Aujourd’hui, le terme de « Haute technologie » ne serait pas exagéré.
Cependant, les sources historiques me manquaient et une rencontre fortuite m’a permis de prendre contact avec un ancien ingénieur de S.A.R.A.M, collègue et ami de mon père. Je remercie infiniment cet ingénieur récemment disparu pour tout l’intérêt qu’il a accordé à cette recherche mais aussi toutes les informations communiquées pour mener à bien ce travail de mémoire.
BRONZAVIA
A l’origine,un ingénieur créa un nouveau type de bougie d’avion dont les performances étaient très supérieures à la concurrence. Ce fut un très grand succès et une usine fut construite pour satisfaire la demande sous le nom de BRONZAVIA. Cette société grossit très vite et se diversifia avec d’autres départements consacrés aux équipements d’avion : matériel radio, optique, inhalateurs d’oxygène et alimentation, admission, échappements, allumage des moteurs.
Le matériel radio du début a aussi porté le nom d’AERO-RADIO.
Ci-dessous quelques postes construits avant 1938 :
Avec BRONZAVIA – 3 rue Magellan à Paris :
- E/R 536 marché Air 872-5.Couvre la gamme de 45 à 120 mètres. Les lampes étaient à chauffage 24 volts et le tube de puissance était spécial BRONZAVIA.
Avec BRONZAVIA – 207 boulevard Saint Denis à Courbevoie :
- E/R 150A marine équipé de 2 récepteurs et de 2 émetteurs. Couvre 2 gammes : 25 à 75 mètres et 500 à 1500 mètres. Le tube d’émission était aussi à chauffage direct 24 volts spécial BRONZAVIA.
- Emetteur 160 avec gammes 25 à 65 m et 500 à 1500 m. Ces matériels étaient impressionnants par leurs dimensions et poids.
SARAM
La société SARAM : Société d’Applications Radioélectriques à l’Aéronautique et à la Marine était une entreprise spécialisée dans l’étude et la réalisation de matériels radioélectriques destinés à l’équipement d’avions. Certains de ces appareils convenablement aménagés et alimentés, pouvaient être utilisés au sol ou à bord de bateaux.
Crée par Monsieur MERLES, né le 04/01/1905 à Ambert (Puy de Dôme). Il fait ses études au collège Godefroy de Bouillon de Clermont Ferrand puis au Lycée Saint Louis à Paris et sort diplômé de l’Ecole supérieure d’Electricité.
Ingénieur à la Télégraphie Militaire(1930-1934) puis à la société Bronzavia (1934-1936), il crée la SARAM en 1936.
En 1949 Bronzavia ne réglant plus les royalties dues pour la License SARAM, il décide de créer une société de production qui lui appartiendra. C’est OMERA (Optique, Mécanique et Radio) qui construira le matériel SARAM mais aussi celui d’une société sœur, la SEPHOT (société d’études photographiques).
En 1959 n’ayant pas d’enfants, il décide de céder 70% d’OMERA à TRT et en 1969 les 30% restants. En 1979, SARAM est cédée a SINTRA (ALCATEL). Il fut aussi administrateur de la Société d’électricité et de Piézoélectricité (SEPE). Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Médaille de l’Aéronautique, Monsieur MERLES est resté PDG de SARAM jusqu’en 1982.
Nota : Contrairement à la plupart des sociétés concurrentes de l’époque qui réalisaient leurs études sous contrat payé par l’état, Monsieur MERLES finançait les études sur fonds propres et la société vivait des royalties lorsque le matériel avait été choisi.
Sur SARAM et Monsieur MERLES, voir un rapport des activités du CEAM (1945-1985) pages 92 et 93.
Elle est d’abord implantée à la Garenne Colombe puis à Asnières au 9 et 11 rue Hector Gonzalgue Fontaine dans des locaux plus vastes.
OMERA
La société O.M.E.R.A Segid située depuis 1950 au 49, rue Ferdinand Berthoud à Argenteuil y restera jusqu’à la fin des années 80.
Après la vente totale d’OMERA par SARAM, TRT s’est engagé dans l’étude de l’E/R UHF du futur et SARAM continua ses études UHF mais au ralenti :
- 1968 E/R UHF : 238 à 248 Mhz – 3 fréquences pilotées par quartz (6 prototypes construits). Cet appareil a été étudié a la demande de DASSAULT pour l’équipement des Mirages destinés au 4 pays du nord de l’Europe. Il s’agissait d’un appareil de détresse donc a performances très élevées. Il devait être construit par la société SABCA (DASSAULT / FOKKER) à Charleroi. Mais l’avion YF16 ayant été choisi, il n’y avait plus de débouchés. La fiabilité garantie, supérieure aux équipements habituels a été confirmée par un essai au sol de longue durée au CEAM : E/R alternée jour et nuit pendant plus d’un an sans panne.
- 1977 E/R 7 75 : 225 à 400 Mhz – 7000 canaux. Cet appareil a servi de base pour l’étude suivante.
- 1980 E/R 7 82 : 25 watts en émission, destiné à la rénovation de l’avion Marine BREGUET-ATLANTIQUE. Cet appareil utilisait un grand nombre de procédés de modulation. La SINTRA qui venait d’acheter SARAM disposant d’ingénieurs très compétents dans ces domaines réalisa le modulateur et SARAM le reste sauf l’alimentation multi-tensions étudiée par les spécialistes de SOMELEC.
Ce poste SARAM / SINTRA a été choisi par la Marine parmi les trois concurrents de l’époque : SOCRAT, AEROSPATIALE et SARAM / SINTRA.
Ce sera la dernière victoire de la SARAM.
MATERIELS S.A.R.A.M. CONSTRUITS PAR BRONZAVIA
- Installation téléphonique type 331 pour chars de cavalerie S35,
- Installation téléphonique type 3311 pour chars de cavalerie type B.
Vers 1937 :
- · Récepteur T20 : Couvre la gamme 200 à 2000 mètres.
- E/R 0.10 : Couvre la gamme 45 à 2000 mètres. Plusieurs variantes seront réalisées.
- 0.12 : récepteur à amplification directe « Avion » couvrant de 45 à 1200 mètres en 5 gamme d’ondes.
Vers 1938 :
- · E/R 3.10 : Couvre la gamme 45 à 1500 mètres en émission et 19 à 2000 mètres en réception. Ce matériel a été construit en grande série par BRONZAVIA mais aussi par 2 autres sociétés dont la Société Industrielle des Procédés LOTH (future TRT). Il a été fabriqué en continu jusqu’en 1946 et peut être au delà avec de nombreuses variantes (appelé aussi FUG 3/5 par les Allemands).
Pendant la guerre, SARAM réalisa (discrètement) des études en vue de l’avenir ainsi que quelques appareils de métrologie : pont de mesure RLC, Qmètre dont certains furent construits par BRONZAVIA.
Année 1946 :
- · fabrication de téléphones de chars (peu d’exemplaires).
- E/R 5.30 : Couvre la gamme 5 à 10 Mhz – 15 watts en émission – 2 fréquences. Cet appareil était constitué d’un rack de faible épaisseur et de 2 émetteurs et 2 récepteurs.
Année 1947 :
- · SARAM 3.11 : Cette variante du 3-10 en 1947 répond au nouveau plan de fréquence de l’époque. Il ne diffère de son aîné que par l’adjonction d’un boîtier de contrôle de modulation. Il a été monté sur les avions Languedoc (Bloch 161) et sur les Goelands d’Air France. En 1955, à l’arrivée de la Caravelle, ils subiront la seule évolution majeure de leur existence : l’adjonction de 4 fréquences pilotées par quartz en émission.
- Récepteur de radiophare 5.31 : Couvre la gamme 200 à 500 khz. Equipé de tubes rimlock fournis par Philips Eindhoven, il était alimenté par le seul réseau de bord 28 v. Il était similaire à un récepteur U.S. et se montait directement sur le tableau de bord de l’avion. Le poste U.S avait un étage final spécial 28 V plaque alors qu’en France, il a été nécessaire de se débrouiller avec 2x25L6 montées en classe B.
- E/R 5.20 : Couvre la gamme 50 à 100 mètres et 200 à 600 mètres avec une puissance d’émission de 40 watts – Il sera décliné en plusieurs variantes.
- E/R 5.22 : Couvre la gamme 30 à 60 mètres avec calage en fréquence par synchronisation avec un fréquencemètre incorporé, piloté par quartz.
Année 1948 :
- E/R VHF 5.40 : 100 à 156 Mhz pour canaux à 100 Khz – 2 fréquences à Quartz. Tubes rimlock en R et tubes U S en E. Peu d’exemplaires construits (18) le STTA désirant des tubes identiques aux US.
Année 1949 :
- E/R 5.41 : dérivé du 5.40 pour la Marine. Alimentation fournie par la Marine (Tubes US)
- · E/R 5.42 : dérivé du 5.40 équipé de tubes US.
MATERIELS SARAM CONSTRUITS PAR OMERA
Année 1952 :
- · E/R VHF 5.52 : Bande 100 à 156 Mhz – 12 fréquences mais encombrement réduit. Conçu à l’origine pour l’Italie, il y aura deux fabrications : OMERA et MAGNETI-MARELLI.
- E/R VHF 5.52 B : Bande 108 à 136 Mhz pour l’aviation civile.
- BM 54 : boite de mesures pour les VHF.
Année 1957 :
- · E/R UHF TRAP11A : Bande 225 à 400 Mhz – 1750 canaux espacés de 100 Khz. Récepteur de garde incorporé.
Année 1958 :
- · E/R UHF analogue au TRAP11A mais avec 3500 canaux espacés de 50 Khz. Par simple modification d’un oscillateur sur une idée de Monsieur MERLES.
Année 1959 :
- · E/R UHF Marine 7 60 – Poids 142 Kg.
- E/R UHF TRAP21 : Bande 225 à 400 Mhz – 3500 canaux transformables en E/R VHF sur la bande 100 à 156 Mhz – 1120 canaux par simple échange de 2 modules HF et FI. De dimensions plus réduites que le TRAP22, il n’avait pas de récepteur de garde. De plus, la tête HF E/R était de type réflex de façon à optimiser le volume. Un fichier situé sur le panneau arrière était prévu pour certaines applications (par exemple : téléaffichage).
Année 1962 :
- · Les autorités Suisses ayant choisi le Mirage à la place de l’avion US, un problème surgit pour le logement de l’UHF lourd COLLINS ou SARAM. En cause, le volume du radar US qui remplaçait le radar CSF, ne permettait plus l’installation du poste prévu. A ce moment, SARAM a proposé le TRAP21, mais il manquait le récepteur de garde. Il a donc été étudié un récepteur spécial, le 7 70 RG de faible épaisseur, destiné à être installé dans l’épaisseur de la paroi extérieure de l’entrée d’air du réacteur.
- Une boite de mesure spéciale dans le même esprit que la BM 54, mais plus performante et très réduite en dimensions et poids a été réalisée pour le marché Suisse.
BIBLIOGRAPHIE
Peu d’ouvrages font référence à ces matériels à part les deux livres de Xavier Reynes paru en 1951 aux éditions Chiron :
- · Les stations radioélectriques de bord qui présente une description technique très détaillée du SARAM 3/11 sur 14 pages (spécifications, réglages, entretien et dépannage).
- La radio dans la navigation décrit les caractéristiques techniques du SARAM 3/12 sur 7 pages.
Néanmoins, plusieurs articles de la rubrique « Le journal des OM » de la revue « Le Haut-Parleur » ont été consacrés à ces matériels :
- · N°909 : Le récepteur SARAM 0/12.
- N°1036 : L’émetteur-récepteur de bord SARAM 5-30.
- N°1091 : Récepteur SARAM 5-31 et 5-31B.
- N°1145 : Récepteur SARAM 5-31.
SARAM dans les Surplus
Merci à Jean Pierre F0FFB pour cette présentation