Ce document est la copie intégrale des notes prises par André GOUBET, bien connu dans le monde des radioamateurs sous l’indicatif F8PA.
Les notes de F8PA furent rassemblées par lui-même, après guerre, dans un petit cahier d’écolier « Le Suffren » et ce cahier donné à Jacques SENLANNE F1ASV
Nous avons pensé à sauver ce document, car il est chargé de l’histoire des hommes.
Taverny, le 06 avril 2013 F6APJ
Pour la bonne compréhension du texte
F8RX = Etait l’indicatif légal attribué à la station d’émission du capitaine Jean SCHERRER (des services secrets), mon chef durant l’occupation, Mort en Héros pour la France.
Le capitaine Scherrer demeurait à CHATOU 17, Avenue de BRIMONT
GESLIN = Personnage réel (son vrai nom) énigmatique (2ème Bureau) particulièrement bien renseigné, résistant de 1er ordre de 1940 à 1944
YVETTE et CLAUDIE = ma femme et ma fille
YVONNE = Belle-sœur
MONSIEUR JACQUES = Personnage important du SR allié de LONDRES – SEUL SCHERRER a su qui il était !!!! Ce fut un secret qu’il ne voulu jamais me dire, il craignait mon arrestation par la GESTAPO et que je parle sous la torture et il avait raison en cela.
« Ce récit écrit en octobre 1944, deux mois après la libération de notre localité est le récit exact de ma vie de juillet 1939 à ce jour.
Il fut composé à l’aide de petites notes prises durant cette pénible époque.
Nullement écrit dans un but de vaine gloriole ou de volonté quelconque, il est pour celui qui le lira, une simple histoire vécue et VRAIE et c’est là son seul mérite »
MAISONS-LAFFITTE le 26/10/1944
André GOUBET F8PA
Note : La chronologie a été remaniée (Année -Mois – Jour). Marc F5MAF
ANNEE 1939
JUILLET 1939
Je viens de voir Geslin, celui-ci qui est bien introduit auprès des Ministères, me dit qu’il est inquiet !!! Que cela va mal avec l’Allemagne et que le Maréchal Pétain à l’air de former autour de lui un petit clan.
Daladier le sait et il se méfie.
14 juillet : je viens de voir 8RX, il est au « NOIR » et voit la guerre imminente, il me donne le conseil de vendre ma grosse moto au plus tôt car il prévoit une réquisition en masse des véhicules sous peu.
20 juillet : sachant 8RX attaché au service des renseignements Français, ses conseils sont donc amicaux et bons, je viens de vendre assez bien ma moto.
25 juillet : à la banque Hottinguer ou je travaille, les patrons sont inquiets et déposent les titres dans des coffres loués à la Banque de France.
6 août 1939 : nous partons, Yvette, Claudie, Maman et moi en vacances à Tessy- sur-Vire (Manche)
15 août 1939 :l’hôtel se « vide » de plus en plus, notre voisin de table Monsieur Briquet, directeur des docks du Havre part lui aussi.
20 août 1939 : les vacances sont gâchées, il souffle un vent de folie sur le monde. La guerre semble inévitable !!!!
26 août 1939 : reçu de la banque Hottinguer un télégramme m’avisant de revenir immédiatement.
27 août 1939 : départ de Tessy, retour à Maisons Laffitte.
28 août 1939 : je retourne chez Hottinguer ou beaucoup de collègues sont mobilisés.
SEPTEMBRE 1939
Cette fois c’est la « GUERRE », l’on a déjà « sonné » deux alertes, 8RX m’assure que cela est fait exprès pour « habituer » les gens, ces alertes « fictives » sont à mon sens très dangereuses car si un jour l’on a une attaque réelle, les gens ne descendrons pas dans les caves.
15 septembre : les gens sont fous !!!! Ils découvrent des espions et des parachutistes partout, les marchands de masques à gaz font fortune !!! Tout le monde se promène avec son étui à masque en bandoulière.
Des artisans ingénieux font des étuis spéciaux, les femmes ont toutes ces étuis à la main et cela voisine le grotesque !!!!
OCTOBRE 1939
1er Octobre : les patrons ont l’air moins inquiets, mais ils décident de créer un service en province dans un château de l’Allier.
Une partie de mon service part donc à Lurcy-Lévis pour assurer le travail. Moi je reste à Paris, car je suis père de famille.
NOVEMBRE 1939
La vie à Paris est calme « rien à signaler » disent les communiqués.
DECEMBRE 1939
3 décembre 1939 : ordre du Colonel Ruat de la caserne de la Tour-Maubourg de remettre mon récepteur Ondes Courtes à l’Autorité Militaire.
RX me dit que cet ordre est abusif et que ce Colonel abuse de son pouvoir (j’ai donné mon récepteur tant pis pour moi).
4 décembre 1939 : cette fois c’est mon émetteur que je dois déposer au Camp de Maisons-Laffitte !!!
Sur les conseils de 8RX, je conserve quelques pièces maîtresses de dedans !!!
17 décembre 1939 : je suis convoqué à Versailles pour passer une visite médicale.
Le major s’aperçoit que je viens de faire une grave pleurésie et me classe « inapte », je suis furieux et demande à servir comme « volontaire »,
L’on me rit au nez !!!
31 décembre 1939 : les patrons (Hottinguer &Cie) nous réunissent (et après un beau discours) décident de supprimer nos étrennes !!!! C’est toujours cela de plus dans leur poche !!!
ANNEE 1940
JANVIER 1940
Quêtes partout dans Paris pour le « vin chaud des soldats » (ceux-ci ne le boiront jamais !!!)
FEVRIER A AVRIL 1940
Quelle drôle de guerre !!! Tout est calme, les communiqués des QG Alliés sont laconiques – RAS ou « activité de patrouilles » quelques escarmouches !!!
MAI 1940
Les patrons décident d’expédier tous les titres à Lurcy-Lévis et aménagent des dortoirs
Je viens de voir notre ami Geslin, son administrateur part dans l’Orne, il est très pessimiste !!!!!
15 mai : 8RX vient de venir, cela va très mal !!!
Ses renseignements sont pénibles.
Les boches disposent d’une force armée terrible, écrasante, et ils prennent leur temps.
Pendant cela, nos dirigeants ne semblent pas se rendre compte de ce qui se passe.
Pour la première fois, 8RX me dit que Pétain « mijote » quelque chose !!!
Son départ me laisse une pénible sensation.
Une nouvelle …..DUNKERQUE
JUIN 1940
3 juin 1940 : les boches viennent de bombarder la région Parisienne ce tantôt St CYR, CHATOU, RUEIL, LA FOLIE sont touchés beaucoup de morts
Le soir vu 8RX, les nouvelles du front sont alarmantes.
Trouée à Sedan !!! Nous colmatons les poches disent les communiqués.
10 juin 1940 : les boches sont près de Pontoise, c’est l’exode !!!
Yvette, Claudie, Maman, Yvonne et le petit Alain réussissent à prix d’or à prendre le dernier train et partent chez la grand-mère à Besson près de La Rochelle
11 juin 1940 : la nuit du 10 au 11 a été terrible, les avions, les bombes et la grosse pièce de marine qui tirait sans arrêt (elle était sur la ligne du champ de course).
11 juin 1940 midi : Maisons-Laffitte est désert !!!
Pas de trains !!!
Les agents et les gendarmes donnent des renseignements erronés et assurent que « EUX ils resteront »
12 juin 1940 : les agents ….. Sont loin !!!!
La poste et la mairie sont désertes
Je saute sur mon vélo moteur et vole chez RX, il n’est pas là, il a reçu, la veille, l’ordre de repli et il est ….. « Quelque part en France…. »
Je reviens à Maisons, ou les mitrailleuses sont à chaque coin de rue !!!
Doux spectacle !!! Les soldats français sont couchés à côté.
Attachant sur mon vélomoteur un complet, quelques chemises et une paire de chaussures, je décide d’aller à La Rochelle rejoindre ma famille
12 juin 1940 3 heures de l’après midi : je pars, arrivé en haut de la côte de Versailles des soldats nous font virer à droite, cela me rallonge beaucoup.
Soudain je suis coincé entre deux camions militaires, un avion passe, c’est un boche !!!
Les soldats sautent à terre du camion, je reçois deux balles de mitrailleuse dans mon phare !!!
Un miracle, je ne suis pas atteint, mon réservoir est effleuré mais pas crevé par contre mon phare est fichu ainsi que mon garde boue avant !!!
Je continue ma route.
8 heures du soir : j’approche de Chartres mais impossible d’aller plus loin, il y a alerte sur alerte et l’on ne peut plus traverser la ville, la route est encombrée de milles véhicules de toutes sortes !!! Motos, vélos, tracteurs, chevaux, vaches, etc., etc., tout ce que les pauvres gens affolés peuvent emporter !!!
9 heures : j’ai faim !!!! Des automobilistes complaisants m’offrent à dîner avec eux, nous mangeons dans un champ, ils étaient de St Germain en Laye.
10 heures : toujours pas traversé Chartres malgré qu’avec mon rapide petit vélomoteur je me faufile entre les voitures.
Je décide de couper à travers champs et je rattrape ainsi après mille péripéties la route de Tours à ce moment une terrible explosion, c’est un avion allemand qui vient de lâcher ses bombes à l’endroit exact ou nous avions dîner, mes compagnons de table sont peut-être morts, je suis à cette pensée, très peiné
À ce moment un autre vélomoteur arrive à ma hauteur, nous causons, il va à Châtellerault, nous ferons la route ensemble.
La nuit tombe vite maintenant, des soldats nous invitent à venir dormir dans une grange avec eux !!
Par quel miracle arrivent-ils à trouver du « pinard » avec l’argent que nous leur donnons, je ne sais, mais…..nous régalons la compagnie !!!!
Ils nous demandent si nous savons des nouvelles, mon compagnon qui travaille aux Mureaux, aux ateliers de la S.C.A.N.S fait le récit de son départ.
Quand nous nous réveillons, le lendemain matin à cinq heures, les soldats ne sont plus là !!!
Nous repartons……sur la route mon compagnon trouve un sac d’enfant avec un…..révolver !!!!
Tous les cafés sont fermés !!!
Un paysan nous vend 1,50Frs un peu d’eau, nous avons manqué le rosser !!! Ce qui aurait été bien fait.
13 juin 1940 : Vendôme alerte !!! Des officiers français, belges, polonais se précipitent dans leur caserne.
Voici les avions boches !!!
Les bombes tombent, nous les voyions petits points noirs qui descendent en sifflant !!!
Nous sommes à l’entrée de la petite ville, la vision est dantesque !!! Tout s’écroule…. Enfin ils sont passés !!! La rue est impraticable aux autos et aux véhicules, nous arrivons à passer en portant nos petits engins.
Le pont qui traverse le Loir est intact, mais un cheval éventré obstrue le passage, nous sommes sales, dégoûtants, nous aidons à dégager le pont (je saurai plus tard que pendant cette manœuvre j’avais près de moi mon meilleur ami Maurice Pethoud, je ne l’ai pas reconnu !!! tant nous étions sales et énervés).
Enfin la route est libre.
Tours, nous descendons la grande avenue, sur les trottoirs car les véhicules de toutes sortes encombrent la chaussée, arrivés au pont, un barrage de soldats, les voitures ne passent pas !!!
Nous profitons d’une minute d’inattention et en trombe de toute la vitesse de nos petits moteurs, nous traversons le pont, de l’autre côté du pont nous apprenons qu’il allait sauter d’un instant à l’autre !!!! Mais…. nous sommes passés !!!!
Nous continuons notre chemin.
Traversons la petite ville de Montbazon .
Un pick-up à la terrasse d’un café joue des airs à la mode, des officiers prennent tranquillement leur apéritif, nous sommes écoeurés.
Plus loin un barrage de soldats nous demandent nos papiers, ce sont de braves Sénégalais qui font ce travail : » ti comprends » me dit l’un d’entre eux, « moi y sait pas lire….alors j’y regarde photo » ce barrage est digne de Courteline mais l’heure n’est pas à la rigolade !!!
14 heures : nous arrivons à Châtellerault, lui est arrivé……il m’invite à déjeuner au restaurant, nous faisons un « brin de toilette », il faut 1 serviette à chacun de nous tant nous sommes sales.
15 heures 30 : nous nous quittons, il me donne 5 litres d’essence, car j’ai encore un bon bout de chemin à faire !!!
18 heures : un orage s’abat, je me réfugie dans une ferme, ce sont des réfugiés Belges !!! Minables, pauvres, ils veulent a tout prix que je mange une croûte.
19 heures 30 : je traverse NIORT, tout est calme, quel contraste avec cette route parsemée de milliers de voitures, de pauvres gens en vélos, à pieds, de carcasses calcinées, des autos accidentées !!!
Ici tout est calme !!! Je fais le plein de mon réservoir avec le bidon d’essence de mon compagnon de route, et je repars….
20 heures 30 : me voici arrivé !!!! Personne ne m’attendait !!!! Le récit de ce que je sais parait tellement monstrueux que j’ai l’impression que mes auditeurs me prennent pour un fou !!!!
Les Boches à PARIS !!! Allons donc !!!!
La T.S.F de Paris est muette, cela les inquiète.
14 juin 1940 : les autres réfugiés qui arrivent confirment mes dires, mais La Rochelle est à 500Kms de Paris !!! Les gens du pays sont tranquilles.
15 juin 1940 : la radio anglaise annonce la chute de Paris, déclarée ville ouverte est tombée sans combat.
18 juin 1940 : Discours du Général de Gaulle.
La fin de ce pénible mois, l’armistice, le discours du Général de Gaulle, celui de Pétain, tout cela me semble sorti d’un cauchemar !!!! Des soldats français traversent le village, ils ont jeté leurs fusils dans les fossés sans combattre et arborent un foulard blanc à leurs manches !!!! (Ces malheureux seront ramassés plus loin par milliers et internés au camp-de-La-Jarne près de La Rochelle
Puis…. un jour un bruit….une rumeur…. Les boches arrivent !!!!
Nous achetons des bocaux en verre pour mettre nos pauvres petits bijoux, argent, montres, bagues etc.… pour enterrer le tout.
Le petit garçon Alain manque de bien peu d’être habillé en fille !!! (car les Allemands tuent parait-il les petits garçons)
Puis le cœur déchiré, cachés derrière les volets, nous assistons au défilé de nos vainqueurs !!!
Notre grande surprise fut de les voir gros et gras, car les journaux nous les montraient comme faméliques !!!
Pendant 24 heures nous n’osons pas sortir !!!
Mon beau père Charles et moi, nous nous risquons dehors !!!
Ils occupent le château et des guetteurs sont dans la tour et surveillent l’horizon.
Une fumée noire règne partout, c’est les réservoirs d’essence de la Police qui brûlent.
Au café, des boches sont attablés, ils ne nous regardent même pas !!!
Visiblement ils ont des ordres d’être aimables avec la population !!!
JUILLET 1940
Juillet 1940 : les Anglais ont attaqué la flotte Française à MERS EL KEBIR, près d’Alger, cela jette un froid
Les boches en profitent pour intensifier leur propagande.
Nous décidons de revenir à Maisons Laffitte, je vend mon vélomoteur 1500 francs, cela me fait mal au cœur, mais impossible de le ramener.
Pour revenir, nous sommes rapatriés par le centre d’accueil de La Rochelle le 31 juillet.
AOUT 1940
1er Août 1940 : Nous voici à paris à 5 heures du matin, mais…. Pour arriver Maisons Laffitte, il faut faire le tour par St Nom La Bretèche car les ponts sont coupés enfin nous voici revenus, c’est pour trouver notre appartement pillé !!!! Les boches sont restés 8 jours chez moi !!!!
Ici ils sont sévères !!! Beaucoup plus qu’à Benon ? Il y a un couvre feu à 10 heures du soir !!! Là-bas point !!!
Je vais déposer une plainte en vol au poste de Police.
Le 3 août 1940 : je retourne chez Hottinguer, le travail recommence
Impossible de toucher RX, il n’est pas rentré encore.
Geslin n’est pas là non plus.
Pendant tout le mois, notre nouvelle organisation se fait lentement, mais que c’est pénible de voir ces costumes vert de gris !!!!
SEPTEMBRE 1940
Les boches tentent un débarquement en Angleterre, ils échouent lamentablement !!!! (35.000 morts dit-on !!!) , nous rions à Paris
RX vient de rentrer !!! Il est sombre et taciturne
OCTOBRE – NOVEMBRE 1940
Rien de sensationnel pour nous.
DECEMBRE 1940
Décembre 1940 : RX vient me trouver à mon bureau afin de causer tranquillement, là il me dit que tant que les boches seront là, il n’aura pas de repos « Tant que je verrais ces « verdichons » avec leur casque sur la tête, souiller de leur infecte présence, notre pauvre France, meurtrie et sanglante, je ne pourrai respirer sans ressentir une affreuse gène »
Nos sentiments étaient les mêmes et nous nous serrâmes douloureusement les mains
C’est ce jour là qu’il me dit que jour et nuit, il faisait un tas de démarches pour toucher les services Français d’informations émigrés à Londres, afin de renouer le fil rompu avec lui par la tourmente.
10 décembre 1940 : RX vient de venir, ça y est il a trouvé la voie qu’il cherchait maintenant il attend les ordres.
28 décembre 1940 : RX tout joyeux me demande de « travailler » avec lui, il ne me cache pas ce qui nous attend si les boches mettent la main sur nous !!!! De toute mon âme, j’accepte de faire ce que je considère comme un simple « DEVOIR »
29 décembre 1940 : je vais voir RX à Chatou, il me présente un homme que je ne connaîtrais jamais que sous le pseudonyme de « Jacques » cet homme avait la mission périlleuse de faire parvenir à Londres les documents les plus confidentiels !!!
Avec lui et sur ses conseils, nous décidâmes d’avoir un réseau radio, de façon à nous tenir en liaison constante les uns les autres
RX malgré ses capacités, ne disposait pas beaucoup de temps et je fus chargé de monter les appareils en question.
Le plus délicat fut la question « matériel » car il était avant tout indispensable de se le procurer sans éveiller l’attention des vendeurs en T.S.F
31 décembre 1940 : visite à « Central Radio », « Radio Commercial », « Pigeon Voyageur » (ou je suis connu, je réussis à me procurer les pièces nécessaires sauf les lampes spéciales indispensables des lampes dites « Acorn » (gland).
« Monsieur Jacques » propose d’en amener à son prochain voyage ainsi que tous les renseignements possibles au sujet des stations de radiogoniométrie de repérage allemandes autour de chez nous.
RX consulté m’indique qu’à son avis l’onde de 2 mètres est parfaite car pratiquement très dure à repérer
Cette dernière est adoptée et le soir même, je commence le montage, c’est un jeu d’enfants pour un professionnel, mais….(car il y a un mais…..) ou dissimuler ces engins !!!
Chez RX c’est facile, car sa propriété possède une « double cave » complètement secrète et introuvable au plus fin chercheur !!! Mais chez moi ??? En appartement ???
Cette nuit là je ne dormis pas, mais au matin j’avais trouvé !!! Il fallait le cacher hors de chez moi !!! À un endroit ou tout le monde passait sans cesse, et ou je pouvais accéder facilement.
L’endroit……c’est mon secret et je m’excuse de ne pas le dévoiler, car il peut servir un jour, mais sans me flatter ce n’était pas trop bête (puisque malgré 19 perquisitions, les boches de réussirent pas à mettre la main dessus !!!)
Le premier janvier, ma petite station était prête, le 5 janvier 1941 le récepteur était fait et……. exposé bien en vue sur ma table de travail !!!! Camouflé en appareil récepteur ordinaire !!!!
ANNEE 1941
JANVIER 1941
15 janvier 1941 : nous venons d’installer la station à RX cela semble osciller normalement, nous nous donnons rendez vous sur « l’air » pour ce soir à 10 heures.
15 janvier 1941 22h : j’entend très bien les signaux de RX, je réponds…..oh !!! Joie…. Il m’entend, ça y est notre réseau duplex est établi.
Nous sommes le 15 janvier 1941
Fin janvier 1941 : je touche RX tous les soirs et d’un commun accord nous décidons de ne nous servir de nos appareils qu’en cas d’urgence.
« Monsieur Jacques » nous a apporté des lampes « gland » et nous indique un point important concernant les services de repérage boches (encore un secret à garder pour moi)
FEVRIER 1941
12 février 1941 : première perquisition allemande ces messieurs viennent voir si je ne possède plus de matériel ondes courtes !!! Sur la vue de mes certificats de remise de ma station à l’Armée Française, ils repartent à moitié convaincus !!! Tout en me volant 2 lampes sur mon récepteur de concert !!! Ouf, j’ai eu chaud !!!
Le soir par radio RX me demande de venir d’urgence.
Je saute sur ma bécane et file à Chatou
RX me demande cette fois de commencer le « travail », ma résidence est splendide pour cela !!! (Les boches y ont installé la Gestapo de la Seine, Seine et Oise et Seine et Marne !!!)
Le camp militaire de la foret est important et les lignes « Paris Cherbourg », « Paris Le Havre », « Paris Dieppe » passent par chez moi, sans oublier les « huiles » boches qui résident dans ce pays (qui leur sied sans doute bien)
C’est entendu, je vais commencer tout cela.
RX me donne de sages conseils
1°) je devrais être « effacé » à l’extrême
2°) ne pas aller au café
3°) jouer au malade qui « fait sa cure d’air »
4°) éviter de dépanner les postes à des clients
5°) enfin me faire passer pour un modeste employé de banque sans envergure, cachant mes diplômes et mes connaissances à tous, pour ne pas attirer une attention quelconque
Tout cela étant enfantin, je quitte RX très tard pour me faire « ramasser » par une patrouille car il est tard et le « couvre feu » est sonné, enfin je rentre (non sans avoir croisé au Mesnil le Roi un soldat allemand ivre tenant une fille par la taille, il me regarde, mais saoul…..il passe)
Fin février 1941 : j’ai donné à RX l’effectif (approximatif) allemand en résidence ici.
Sur ma demande à RX pour savoir « à Maisons Laffitte » il existe une personne sure ou me rendre en cas de coup dur, il me répond qu’il y a longtemps qu’il y a pensé et « que officiellement, il ne connaissait personne »
« Monsieur Jacques » vient de venir, il a été parachuté hier soir près de Noyon, il doit se rendre à Boulogne Billancourt et il repart à la fin de la semaine, il ne veut rien dire sur la mission qu’il vient remplir, « il va voir des amis dit-il », nous n’insistons pas.
AVRIL – MAI 1941
Rien à signaler d’important
JUIN 1941
22 juin 1941 : les boches déclarent la guerre aux Russes, nous sommes en joie car ne méconnaissant pas à cette date la force de l’armée rouge, nous sommes sûrs que les allemands vont tomber sur « un os ».
30 juin 1941 : nouvelle perquisition des allemands qui cette fois semblent renseignés, toutefois ils ne trouvent rien et….repartent non sans avoir proféré des menaces à mon égard.
JUILLET 1941
Fin juillet 41 : les allemands progressent en Russie, cela nous déconcerte beaucoup, sauf « Monsieur Jacques » qui est revenu et qui est optimiste « les Anglais, nous dit-il subissent des bombardements terribles !!!!
Coventry est rasé, mais maintenant nous sommes sûrs de gagner.
Les boches ne passeront plus jamais la Manche ».
AOUT 1941
Je viens d’apprendre qu’une station clandestine vient d’être découverte à Sartrouville !!! Je tremble fort pour nous mais RX lui se contente de sourire, car dit-il « cela, au contraire, n’est pas pour me déplaire, les pauvres types vont payer cher leur héroïsme, mais par contre coup, nous serons moins surveillés car ils vont croire avoir déniché le réseau clandestin ».
SEPTEMBRE 1941
Les Boches avancent toujours en Russie !!! Mais les huiles venant d’Angleterre semblent confirmer une tension très grande entre le Japon et les U.S.A.
J’ai vu une voiture gonio dans Maisons, je crois prudent de prévenir RX, comme pour le moment le secteur est calme, nous cessons provisoirement nos liaisons radio.
Fin du cahier